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Dans la presse…

Pierre MONCHARMONT

Un travail particulièrement intéressant relatif à l’allo-immunisation anti-érythrocytaire vient d’être présenté par une équipe néerlandaise (Schonewille H. et al. Additional red blood cell alloantibodies after blood transfusions in a non hematologic alloimmunized patient cohort : is it time to take precautionary measures ? Transfusion 2006, 46 ; 630-635). Les auteurs ont étudié rétrospectivement, sur une période de 20 ans (de 1983 à 2002), une cohorte de patients présentant une alloimmunisation anti-érythrocytaire mais n’appartenant pas à un groupe de patients transfusés chroniques. Ils ont recherché l’apparition d’un ou plusieurs allo-anticorps anti-érythrocytaires lors d’un ou plusieurs épisodes transfusionnels ultérieurs. Sur la période retenue, parmi 1043 patients satisfaisant aux critères de sélection (Dont une immunisation existante avec anticorps dirigés contre des antigènes des systèmes RH, KEL, FY, JK et MNSs, absence de pathologie oncohématologique), 653 ont eu au moins une transfusion ultérieure. Chez 140 patients avec anticorps supplémentaires (Contre des antigènes érythrocytaires des systèmes retenus), 80 (57 %) en ont produit après un épisode transfusionnel comportant en moyenne deux concentrés érythrocytaires. Après deux épisodes et une moyenne de 5 concentrés érythrocytaires, 31 patients (22 %) ont de nouveaux anticorps. Au delà, pour un troisième et un quatrième (ou plus) épisode (jusqu’à 11), ce sont respectivement 17 (12 %) et 12 patients (9 %) qui acquièrent des anticorps supplémentaires.

Les auteurs concluent que les patients étudiés sont de forts répondeurs en matière d’immunisation avec un risque 20 fois supérieur d’acquérir un nouvel anticorps après une première immunisation. 

Une technique originale d’étude de l’évolution d’une population érythrocytaire d’âge donné a été expérimentée chez le rat et rapportée récemment (Gifford et al. A high-resolution, double-labeling method for the study of in vivo red blood cell aging. Transfusion 2006, 46 ; 578-588). L’étude de la demi-vie des hématies et / ou de leurs modifications au cours du vieillissement que ce soit dans des conditions physiologiques ou pathologiques reste difficile en raison des problèmes existants pour obtenir, par marquage, une population érythrocytaire de même âge. Les techniques de marquage par biotine ont montré leurs limites tout comme les techniques visant à obtenir une population érythrocytaire d’âge homogène par le biais de traitements chimiques toxiques ou par l’induction d’une réticulocytose importante par saignées répétées chez l’animal. Les auteurs ont utilisés une technique de double marquage en deux temps. Un premier marquage est effectué par digoxigenine (DIG), suivi 1 ou 2 jours plus tard d’un second marquage par biotine. Deux sous-populations peuvent être suivies au cours du temps, une importante doublement marquée et une faible ne comportant qu’un seul marquage. Cette dernière correspond aux cellules apparues entre le premier et le deuxième marquage. Cette méthode réduit significativement le paramètre variabilité de l’âge dans la population ciblée. Ainsi, la taille du groupe de cellules doublement marquées diminue rapidement tandis que celle des cellules à marquage unique augmente plusieurs jours après l’injection du deuxième marqueur (Maturation érythrocytaire médullaire et largage de réticulocytes marqués dans la circulation sanguine) puis décroît plus graduellement. En étudiant la disparition des populations marquées et le pourcentage des globules rouges avec un seul marquage présentant à leur surface de la phosphatidyl sérine, témoin de vieillissement, il est possible de suivre l’évolution de la sénescence érythrocytaire. L’avantage de cette technique est son absence de toxicité et donc son utilisation potentielle chez d’autres espèces, homme compris, pour mesurer la sénescence érythrocytaire.

Six ans après le premier forum international consacré à l’hémovigilance, un second, incluant un grand nombre de pays, a été récemment publié (Engelfriet et al. Haemovigilance. Vox sanguinis 2006, 90 ; 207-241). En raison de la densité des informations recueillies, il n’est pas possible de détailler tous les résultats dans cette rubrique. L’accident hémolytique aigu par incompatibilité ABO survient encore régulièrement. Une augmentation des cas recensés de « transfusion-related acute lung injury » (TRALI) est observée, témoignant d’une possible sous-estimation antérieure. De nombreux cas de réactions anaphylactiques sévères après transfusion sont rapportés. Enfin, la contamination bactérienne des produits sanguins survient encore de manière fréquente.

Une excellente revue sur les mécanismes impliqués dans le purpura thrombopénique idiopathique a été écrite par Cooper et Bussel (Cooper and Bussel The pathogenesis of immune thrombocytopenaenic purpura. British Journal of Haematology 2006, 133 ; 364-374). Son intérêt réside dans les nouveaux mécanismes pouvant être en cause dans cette affection, représentant des cibles thérapeutiques potentielles.

  

Pierre MONCHARMONT