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DANS LA PRESSE…

La transmission post-transfusionnelle du virus de l’hépatite E (HEV) est un événement rare en zone non endémique. Récemment, au Royaume-Uni, un cas de transmission de ce type vient d’être rapporté (Boxall et al. Transfusion-transmitted hepatitis E in a ‘non hyperendemic’ country. Transfusion Medicine 2006, 16 ; 79-83). Le donneur en cause, qui n’avait pas récemment voyagé à l’étranger ou eu un contact avec une personne à risque a développé 14 jours après son don un « épisode grippal » suivi d’un ictère dix jour plus tard. A partir de son don a été produit un concentré érythrocytaire. Ses plaquettes ont été incluses dans un pool. Une patiente âgée de 55 ans, atteinte de cirrhose biliaire primitive avec lithiase du cholédoque a reçu le concentré plaquettaire et un patient âgé de 65 ans en rémission d’un lymphome B d’origine testiculaire et traité par chimiothérapie pour une masse cérébrale a été transfusé avec le concentré érythrocytaire suite à une anémie post-chimiothérapie.

Le donneur, négatif pour les anticorps dirigés contre les virus de l’hépatite A, B et C, a été trouvé fortement positif pour les anticorps anti-HEV de classes M et G. Le taux d’ALAT sur le sérum au moment de l’ictère est particulièrement élevé à 2050 UI/L. Ce sérum et celui conservé au moment du don sont positif pour l’ARN du HEV et montre un génotype de type 3.

Le patient ayant reçu le concentré érythrocytaire a bénéficié, en raison de sa pathologie et de son traitement, d’un suivi biologique. Les auteurs ont ainsi pu reconstituer l’évolution du profil des marqueurs du HEV. L’ARN du virus a été détecté chez ce patient à J34 (5 semaines) après la transfusion (Il n’y avait pas d’échantillon post-transfusionnel plus précoce conservé) et a disparu à compter de J89 (12 semaines). Le génotype retrouvé est le 3 et le séquençage a montré une identité entre la souche du donneur et celle du receveur.

Les anticorps ont, dans un premier temps à J67 (9 semaines), donné un résultat équivoque pour les IgM. Ultérieurement, les IgM anti-HEV sont devenues très positives à J75 et J89, mais il n’y pas eu de switch pour les IgG (Contrôle à J132, soit 19 semaines). A J67, le taux des ASAT a présenté un pic à 780 UI/L coïncidant avec la persistance de l’ARN du virus et le résultat équivoque pour les IgM.

Les auteurs soulignent plusieurs points. Le premier, inciter les donneurs à avertir l’établissement de transfusion en cas de maladie post-don. Le receveur infecté a reçu le concentré érythrocytaire à J18, 5 jours avant que le donneur présente son ictère et n’avertisse l’établissement de transfusion. Un « épisode grippal » non étiqueté avait été constaté chez le donneur à J14. Le second, inclure l’hépatite E comme pathologie à rechercher après don et après transfusion.

Des interrogations subsistent sur le devenir des enfants ayant présenté une hyperbilirubinémie en période néonatale et l’étude qui a été publiée par Newman et col. apporte des éléments de réponse (Newman et al. Outcomes among newborns with total serum bilirubin levels of 25 mg per deciliter or more. New England Journal of Medicine 2006, 354 ; 1889-1900). Les auteurs ont comparé l’évolution à long terme, en particulier mentale, de 140 enfants avec une hyperbilirubinémie totale d’au moins 250 mg/L (Soit 428 mmoles/L) à un groupe contrôle de 419 enfants sur une période allant de 1995 à1998. Parmi ces enfants, 10 avaient une hyperbilirubinémie de 300 mg ou plus. Les enfants avaient un poids de naissance d’au moins 2000g et un âge gestationnel d’au moins 36 semaines (Période 1995-1996) et 34 semaines (Période 1997-1998). Cent trente six enfants ont bénéficié d’une photothérapie, et chez cinq, le recours à une exsanguino-transfusion a été nécessaire. Aucun cas d’ictère nucléaire n’a été relevé. Aucune différence n’a été observée entre les deux groupes du point de vue de l’examen physique, ni des anomalies neurologiques. Sur le plan cognitif, les auteurs ont relevé que les enfants avec hyperbilirubinémie néonatale et un résultat positif au test direct à l’antiglobuline avaient des scores plus faibles aux tests cognitifs, sans pour autant présenter de problème neurologique ou comportemental.

Les auteurs concluent que les enfants nés à terme ou à proximité du terme avec hyperbilirubinémie néonatale traités soit par photothérapie, soit par exsanguinotransfusion, n’ont pas de développement neurologique anormal.

Dans le domaine technique, deux articles publiés dernièrement portant sur de nouvelles technologies en matière de groupages sanguins présentent un intérêt, notamment en matière d’association groupage érythrocytaire et groupage plaquettaire (Montpetit et al. High-throughput molecular profiling of blood donors for minor red blood cell and platelet antigens. Tranfusion 2006, 46 ; 841-848. Robb et al. Development of non agglutination microarray blood grouping. Transfusion Medicine 2006, 16 ; 119-129).      

  
                                                                                                Pierre MONCHARMONT

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