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DANS LA PRESSE…

Pierre MONCHARMONT

Chez les patients infectés par le HIV, la présence d’une cytopénie, anémie, leucopénie et / ou thrombopénie est souvent observée. Une étude italienne vient de montrer l’existence d’une corrélation entre la présence d’un test direct à l’antiglobuline (TDA) positif, l’intensité des réactions observées et l’existence d’un taux d’hémoglobine bas (Lai et al. Lower hemoglobin levels in human immunodeficiency virus-infected patients with a positive direct antiglobulin test (DAT) : relationship with DAT strength and clinical stages. Transfusion, 2006 ; 46 : 1237-1243). Sur 166 échantillons de patients étudiés, un résultat positif a été observé sur 31 (18,67 %) avec la technique en tube. Ce taux atteignait 33,73% avec la technique en gel (56 échantillons). Les patients présentant un résultat positif avec le TDA avaient un taux d’hémoglobine plus faible. Il était de 123 g/L contre 143 g/L chez ceux avec un résultat négatif. Le nombre d’échantillons avec un résultat positif au TDA augmente avec l’avancée dans la maladie. Ainsi, les patients en stade de SIDA avéré (Stade C) et ceux présentant des symptômes mais n’ayant pas atteint le stade de SIDA avéré (Stade B) ont des taux d’hémoglobine plus bas. Une corrélation est observée entre le niveau bas du taux d’hémoglobine et une réaction d’agglutination plus intense. L’anémie présente un lien avec un résultat positif au TDA. Mais ce facteur ne constituerait qu’un élément parmi d’autres à l’origine d’une anémie chez les sujets HIV positif.

Les effets indésirables après transfusion de plaquettes demeurent fréquents en pratique courante. Les réactions après transfusion de plaquettes sont habituellement du type frissons avec hyperthermie modérée ou allergique, de type urticaire. Le rôle de la molécule CD40 dans ces réactions a été évalué par une équipe américaine (Blumberg et al. An association of soluble CD40 ligand (CD154) with adverse reactions to platelet transfusions. Transfusion 2006 ; 46 : 1813-1821). Partant du constat que les patients bénéficiant de produits sanguins déleucocytés avant ou après stockage présentaient un taux d’effets indésirables réduit et que l’élimination du plasma surnageant de stockage était aussi ou légèrement plus efficace que la déleucocytation pour éliminer ces effets, les auteurs ont étudié le taux de plusieurs molécules impliquées dans ces réactions, ligand CD40 soluble et RANTES, médiateurs dérivés des plaquettes (Impliqués dans les réactions fébriles, de type inflammatoire et allergique), interleukine 6 (IL6), interleukine 8 (IL8) et « monocyte chemotactic protein –1 » (MCP-1) médiateurs dérivés des leucocytes (Impliqués dans les réactions fébriles et de type inflammatoire).  La grande majorité des unités de plaquettes transfusées ont été déleucocytées après le stockage. Sur 594 échantillons collectés sur les produits sanguins, 534 ont pu être utilisés, des données médicales complètes ayant été obtenues. Quatorze réactions post-transfusionnelles (2,6 %) ont été détectées se répartissant en 10 hyperthermies dont 9 avec frissons et 4 réactions allergiques. Toutes les réactions observées sauf dans un cas l’ont été chez des patients atteints de pathologie hématologique maligne. L’étude du surnageant des produits sanguins a montré que lors de transfusion avec effets indésirables, les taux des médiateurs testés étaient plus élevés que ceux observés lors d’une transfusion sans effet indésirable sauf pour le marqueur RANTES. Lorsque l’étude se limite au cas des transfusions accompagnées d’hyperthermie, le taux moyen de ligand CD40 soluble est 1,25 fois plus élevé. Cependant, chez la majorité des patients transfusés avec des unités comportant un taux de médiateur se situant dans le quintile le plus élevé (Dans plus de 93 % des cas pour chaque médiateur), aucune réaction n’est observée. Cette constatation amène les auteurs à émettre l’hypothèse que des facteurs liés au patient constituent un élément déterminant à l’origine des réactions induites par les médiateurs. Dans 13 des 14 cas avec réaction, au moins deux médiateurs ont un taux situé dans le quatrième ou cinquième quintile le plus élevé. Les auteurs ont noté qu’aucune réaction n’était présente chez les patients transfusés avec des plaquettes lavées (71 transfusions).

Ils n’ont pas d’explication à avancer sur la susceptibilité notée chez les patients avec pathologie hématologique maligne. Ils évoquent enfin le rôle possible de la molécule ligand CD40 soluble comme cofacteur du TRALI (Transfusion Related Acute Lung Injury).

Sur ce dernier point, Khan et al. viennent de montrer qu’il existait une augmentation plus importante de la concentration du ligand CD40 soluble dans les concentrés plaquettaires impliqués dans un TRALI (Khan et al. Soluble CD40 ligand accumulates in stored blood component, primes neutrophils through CD40, and is a potential cofactor in the development of transfusion-related acute lung injury. Blood 2006 ; 108 ; 2455-2462). Les auteurs ont observé une augmentation du taux du ligand CD40 soluble lors du stockage des produits sanguins labiles cellulaires en particulier dans les concentrés plaquettaires. Le CD40 est exprimé à la surface des polynucléaires et est actif. L’emploi d’un ligand recombinant du CD40 amorce une oxydase. Cette action est inhibée lors d’une incubation préalable des cellules avec un anticorps monoclonal anti-CD40. Le ligand CD40 soluble représenterait un cofacteur du TRALI.

L’intérêt porté sur le TRALI au cours des dernières années devrait permettre d’affiner les recherches et de mieux définir les facteurs en cause.

  
                                                                                                Pierre MONCHARMONT

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