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DANS LA PRESSE…

L’absorption de la protéine prion pathologique à l’aide de résines : une solution pour pallier la transmission transfusionnelle du prion ? Constatant que la déleucocytation permettait de réduire seulement en partie la transmission de prion pathogène et que la mise au point d’un test de recherche très sensible du prion pathogène dans le sang n’est pas encore finalisée, des auteurs ont testé l’efficacité de résines d’affinité pour capturer le prion pathologique dans le sang total après déleucocytation (Gregori et al. The Lancet, 2007 ; 368 : 2226-2230). Ils ont recherché sur des millions de ligands, ceux qui étaient hautement spécifiques pour les protéines prion normale et pathogène. Ligands et supports résine sélectionnés ont été secondairement choisis pour leur absence d’effet néfaste sur les hématies et les protéines plasmatiques.

Du sang total prélevé chez 130 hamster symptomatiques après injection intracrânienne d’une souche de scrapie et poolé, a dans un premier temps, été déleucocyté. Deux ligands, L13 et L13A ont été fixés sur la même résine et introduits dans des colonnes de chromatographie. Lors des essais, deux colonnes ont été disposées en série, une série avec le ligand L13 et une série avec le ligand L13A. Pour déterminer l’infectivité, des titrages en méthode de dilution limite ont été effectués à plusieurs étapes du processus : avant et après déleucocytation, à la sortie de la première et de la deuxième colonne. La limite de détection de la méthode est de 0,2 dose infectieuse par mL.

Les auteurs confirment la réduction de l’infectivité après la déleucocytation de 72 % dans la présente étude. Quinze des 99 animaux ayant reçu une injection du produit issu de la déleucocytation ont développé la maladie. Par contre aucun des 96 (Résine avec ligand L13) ou 100 animaux (Résine avec ligand L13A) ayant reçu le produit final après passage sur la série de colonnes n’a développé la maladie. La réduction totale de l’infectivité obtenue avec les colonnes est supérieure à 1,22 log. L’emploi de ces résines dans les systèmes de filtration permettrait d’éviter la transmission de l’agent prion pathologique par les produits sanguins. 

L’une des difficultés existant dans le suivi des patientes porteuses d’une alloimmunisation anti-plaquettaire spécifique avec antécédent de thrombopénie fœtale et néonatale est d’apprécier l’atteinte fœtale sans avoir à pratiquer une ponction cordonnale in utéro pour numération plaquettaire lors d’une grossesse ultérieure avec incompatibilité foeto-maternelle. L’anticorps anti-plaquettes anti-HPA-1a est le plus fréquemment responsable des formes sévères de thrombopénie fœtale et néonatale dans la population caucasienne. Un élément de réponse en vue de l’appréciation de l’atteinte fœtale est apporté par l’étude de Killie et al. chez le nouveau-né (Killie et al. Maternal human platelet antigen-1a antibody level correlates with the platelet count in the newborns : a retrospective study Transfusion, 2006 ; 47 : 55-58). Un total de 108 sérums collectés chez des patientes HPA-1bb à la naissance pour recherche de thrombopénie néonatale a été évalué. Des anticorps anti-HPA-1a ont été détectés dans 102 sérums. Une technique de Monoclonal Antibody-specific Immobilization of Platelet Antigens (MAIPA) modifié a été employée pour titrer l’anticorps anti-HPA-1a avec un plasma de référence. La numération des plaquettes de l’enfant à la naissance était inférieure à 25x109/L pour soixante sept échantillons maternels qui comportaient un titre élevé d’anticorps (Moyenne 2390 AU/mL).  Une corrélation significative a été trouvée entre le titre de l’anticorps anti-HPA-1a maternel et la numération des plaquettes de l’enfant à la naissance. L’intérêt présenté par ces résultats est l’utilisation du titre de l’anticorps anti-HPA-1a maternel comme paramètre prédictif de l’atteinte fœtale. Les auteurs insistent cependant sur la nécessité de développer des système performant de mesure quantitative de l’anticorps anti-HPA-1a.

Une étude des facteurs de risque pour la thrombopénie néonatale sur une cohorte importante (9332 nouveau-nés) a été réalisée par une équipe brésilienne (Castro et al. A prospective study on the prevalence and risk factors for neonatal thrombocytopenia and platelet alloimmunization among 9332 newborn unselected Brazilian newborns. Transfusion, 2007; 47 : 59-66). La population brésilienne présente une grande hétérogénéité ethnique. Sur une période de 3 ans, une numération des plaquettes a été effectuée sur le sang du cordon à la naissance chez des nouveau-nés non sélectionnés. Les auteurs ont détectés 142 nouveau-nés (1,5 %) avec une numération plaquettaire inférieur à 100x109/L. Seuls 17 des 142 enfants (12 %) présentaient des saignements. Aucune hémorragie intracrânienne n’a été relevée. Des facteurs de risque pouvant expliquer cette thrombopénie néonatale ont été recherchés. Curieusement, dans seulement 67 cas (47,2%) un facteur de risque a pu être identifié en rapport avec l’état fœtal (Détresse fœtale par exemple) ou maternel (Hypertension par exemple). Les auteurs ont ensuite réalisé le groupage plaquettaire du couple mère-enfant pour rechercher une incompatibilité foeto-maternelle. Cent cinq « paires » sur les 142 potentielles ont pu être inventoriées. Cinquante trois incompatibilités ont été détectées. Mais dans le groupe contrôle comportant des « paires » mère-enfant non thrombopénique traité en parallèle (100 paires), 48 incompatibilités ont été trouvées. L’existence d’une incompatibilité foeto-maternelle pour les systèmes HPA-1à 5 ne constitue pas un facteur prédictif de risque de thrombopénie pour l’enfant. Cependant, la fréquence d’une incompatibilité foeto-maternelle dans le système HPA-5 est deux fois plus élevée dans le groupe d’enfants thrombopéniques que dans le groupe contrôle. Au sein des « paires » avec incompatibilité foeto-maternelle, les auteurs ont ensuite réalisé la recherche d’anticorps anti-plaquettes chez les mères avec nouveau-nés thrombopéniques ou non. Ils ont découvert 6 patientes porteuses d’anticorps anti-HPA-5b. Soit par rapport à l’ensemble des « paires » avec incompatibilité foeto-maternelles pour le système HPA-5, une fréquence de 5,7 %. Ce taux augmente à 12 % si le nouveau-né est thrombopénique à la naissance. La prévalence des anticorps anti-plaquettes anti-HPA-5b chez toutes les patientes de la cohorte était de 0,05 %. Les nouveau-nés de mère alloimmunisées étaient tous cliniquement asymptomatiques.

Enfin, après avoir testé les mères HPA-1a négatif (Patientes homozygotes HPA-1 bb, détectées uniquement dans le groupe de nouveau-nés non thrombopéniques), pour l’allotype HLA-DR52 (facteur de risque pour une thrombopénie néo-natale), il a été observé que toutes ces patientes étaient porteuses de celui-ci. Cette positivité n’est pas corrélée avec le risque de développement d’une thrombopénie. Sa fréquence est élevée dans la population brésilienne.

La stratégie de recherche d’une incompatibilité foeto-maternelle HPA suivie d’une recherche des anticorps spécifiques chez les mères d’enfant thrombopéniques permettrait d’identifier les grossesses à risque dans cette population.

Dans le même numéro de la revue Transfusion, J.B. Bussel a écrit un éditorial sur les sujets traités dans les deux articles précédents (Identifying babies with neonatal alloimmune thrombocytopenia and the responsible antigens. Transfusion, 2007 ; 47 : 6-7).

  

                                                                                               
                                                                                               

Pierre MONCHARMONT

                                                                                               
                                                                                               

 

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